* CHAP 1 *
Je m’ennuyais sérieusement en cours de maths. C’était presque insoutenable. J’étais électrique. J’avais envie de respirer l’air de la pluie qui tombait à torrent. Le tonnerre a grondé. Et des éclairs ont claqué en zébrant l’air. J’aimais ces signes d’un autre monde. J’ai écrit comme par instinct une suite de chiffres dans mon cahier, sans regarder ce que je faisais. La sonnerie de la fin des cours a retenti presque aussitôt. J’ai soupiré, soulagée. Tout ça, c’était peut-être à cause de l’orage. Et puis l’après-midi avait été fatigante avec ses évaluations. Je n’aimais pas ce mot. Evaluation. Est-ce qu’on était juste des valeurs à déterminer, comprises entre 0 et 20 ?! En rouge clignotant avec sirène d’alarme tonitruante pour le zéro. En fluo pailleté avec voix suave pour le 20. Joli tableau. J’ai glissé livre et cahier dans mon sac et je suis sortie comme une bombe. C’était la fin de la journée. Mon ami Noé m’a crié de l’appeler ce soir. J’ai pris le bus pour rentrer chez moi. A la maison, ma mère n’était pas encore arrivée, elle serait bientôt là avec ma petite sœur Emma. Cette année, elle était entrée en cours préparatoire et moi j’avais franchi la passerelle de l’école primaire vers le collège. Ça faisait déjà trois mois. Un grand changement dans ma vie. De nouveaux amis. De nombreux professeurs. Tous différents. Qu’on aime ou qu’on apprécie moins.
J’avais décidé de ne rien faire ce soir, de retrouver Jules Verne sur mon lit et de voyager avec lui en ballon. Ses aventures fantastiques m’embarquaient et me nourrissaient. Mon quotidien basculait dans une autre dimension avec lui. Je ne voulais pas manquer nos rendez-vous. Jules était devenu un pote même si on ne vivait pas dans le même monde et à la même époque. Je ne sais pas pourquoi, j’ai ouvert mon cahier de maths à la page de la leçon du jour. Et j’ai découvert ce numéro inconnu noté plus tôt : 06 000 007. C’était quoi ? Noé m’avait dit de l’appeler. Il avait un mobile tout neuf, c’était son numéro évidemment ! J’ai aussitôt composé les 8 chiffres. Une voix de femme m’a répondu. Je n’ai pas reconnu celle de sa mère. C’était qui ? Une de ses copines peut-être… Pourquoi c’était elle qui répondait alors ? J’ai voulu en avoir le cœur net. J’ai engagé la conversation.
- Bonjour, je suis Eva, Noé est là ?
- Ah non, il n’est pas à ce numéro. C’est drôle, moi aussi je m’appelle Eva.
- Ah bon ?!? Et le numéro, c’est le vôtre ?
- Bien sûr. Depuis toujours.
Dingue ! Comment j’avais pu écrire ce numéro ?! Comme ça, dans mon cahier !? D’où il était tombé ?! Sa question a interrompu toutes celles qui défilaient en bazar dans ma tête.
- Journée agréable pour toi ?
Elle essayait de me retenir maintenant. Sa voix m’apaisait. Et j’ai accepté de lui répondre comme à une amie.
- Pas vraiment, j’ai répondu dans un soupir. J’aurais préféré marcher sous la pluie. Ça m’aurait rafraîchi l’esprit.
- Je vois... Difficile de rester assis à écouter des adultes vous remplir le cerveau comme si vous étiez des clés USB.
- Ça devient carrément déprimant, j’ai osé ajouter. On n’est pas des robots. On a besoin de respirer, s’aérer, être dehors.
- S’arrêter pour tout regarder. Apprécier la nature, sa beauté. Rendez-vous avec les arbres, les plantes, les animaux, les pierres, l’eau qui s’écoule. On pourrait presque faire le tour du monde avec deux jambes.
Sa voix me berçait, je n’avais plus envie de raccrocher.
- En montgolfière, ça va plus vite. Le record de Jules Verne, c’est 80 jours !
- Génial explorateur ce Jules ! On pourrait sortir du cadre comme lui, repousser les limites et être des pionniers…
- J’aurais aimé le rencontrer. Je lui aurais demandé de m’emmener dans son ballon autour de la terre.
- Tu le connais déjà à travers ses histoires. Pour l’instant, c’est ta façon de voyager. Et tu peux être une aventurière à l’écoute des signes que tu croises, des personnes que tu rencontres. Aujourd’hui, tu m’as appelée. Si tu avais jeté ce numéro à la poubelle, il ne se serait rien passé…
- Match nul, je vous aurais manquée !
- Et on n’aurait rien raconté. La plupart manquent des rencontres, des changements formidables dans leur vie parce qu’ils ne sont pas à l’écoute de ce qui se passe autour d’eux. Ils ont verrouillé les portes de leur cœur. Parce qu’ils ont peur. Les voilà dormeurs éveillés. Souvent très jeunes, trop vite ! Avec des rêves d’enfant oubliés. Rayés de leur carte au trésor. Le monde de l’argent a parfois pris trop de place quand il n’a pas pris toute la place !
- C’est un peu pour ça que mon père ne vit plus à la maison. Il disait toujours qu’il avait besoin de palper ! Gagner plus ! Il avait si peur de manquer d’argent.
- Pauvres et affamés sont nombreux, Eva. Mais tu peux faire la différence entre ceux qui n’ont rien ici ou ailleurs, sans eau, sans nourriture et les riches affamés, jaloux, qui courent après le bonheur, l’amour ou le succès, en voulant tout posséder. Le monde matériel a tous les attraits d’un terrible séducteur. Mieux vaut ne pas tomber entre ses bras. Sous son pouvoir, les riches affamés, ces ogres inassouvis, consomment leur vie.
Je suis restée silencieuse. Je repensais à mon père absent. Petit, il avait manqué de tout, d’amour, de père, pas connu, de mère, noyée dans son travail, pas présente pour prendre soin de lui, et d’argent. Du coup, l’argent était devenu le moteur de sa vie. Ça l’avait rendu agressif, stressé (terrible maladie d’aujourd’hui !) et malheureux. Malgré ça, c’était mon papa et je l’aimais fort. Il apprenait à être heureux avec moi.
- Tu es là, Eva ?
- Oui, je pensais… Je pourrais vous rappeler ?
- Quand tu veux. Je suis toujours là et disponible.
- A très vite !
- Bonne soirée Eva et salue ton ami Noé pour moi.
Incroyable ! Elle se souvenait aussi du prénom de mon meilleur ami. Qui était donc cette Eva ? J’ai appelé Noé. Mais je ne lui ai rien dit de tout ça. Parce que c’était un truc vraiment fou. On a simplement échangé quelques mots avant de dormir. On était ensemble à l’école depuis la maternelle. Et je n’imaginais pas ma vie sans lui. Je ne savais pas que ce serait le sujet de ma deuxième conversation avec Eva. Le lendemain soir.
* CHAP 2 *
- Allô Eva !?... Bonsoir… c’est moi la p’tite Eva.
- Je t’ai reconnue, tu sais. Ta voix est attristée, la journée t’a bousculée…
J’avais une boule dans la gorge. J’étais très émue.
- Certaines nouvelles nous frappent en plein cœur… tu ne peux rien y changer… juste ressentir ce qui s’élève en toi. Et ouvrir l’espace à ta tristesse présente.
Eva savait-elle déjà ce que je voulais lui raconter ? Je ne pouvais rien dire de plus. L’émotion était trop forte. J’ai pleuré. Puis il y a eu un temps de silence.
Et Eva a continué de me parler. C’était comme une respiration pour retrouver du souffle.
- Vous vous aimez depuis longtemps Noé et toi. Vous vivez une belle histoire d’amitié.
- Mais tout sera fini après les vacances de Noël… On va être séparés…
- Non, vous serez juste éloignés l’un de l’autre… c’est très différent.
J’étais certaine maintenant qu’Eva savait ce qui me chagrinait.
- C’est pas rien un déménagement… Noé dans une autre ville, et moi toute seule ici…
- Pour l’instant, vous êtes ensemble. Pourquoi déjà penser à ce qui vient après ?! C’est ce qui te fait souffrir maintenant. Branche-toi au présent. Et recharge ton mobile pour vivre la suite avec joie.
- D’accord, et après !? Qu’est-ce que je fais sans Noé, moi ?
Je me sentais sonnée.
- Noé absent, tu pourras ouvrir le coffre à trésors de vos souvenirs drôles et heureux. Même si vous vivez dans deux villes différentes, il sera toujours dans ton coeur. Et vous pourrez vous retrouver. Ta vie est une roue en mouvements toujours changeants. Au gré des saisons, tu vois la nature se métamorphoser. Et tu vis dans ce mouvement des saisons. Tu peux vivre les changements et les événements tristes ou heureux au gré de ce mouvement. Accepter ce qui survient à tout moment.
Je bouillais, elle m’agaçait. En même temps, je sentais que ces mots étaient justes.
- Je voudrais surtout que tout continue comme avant….
- Aïe-Aïe ! Tu te mets le doigt dans l’œil ! Et ça te donne des bleus au cœur de t’accrocher à ce que tu veux garder, sans rien vouloir lâcher. C’est le moment de soigner l’enfant qui crie en toi « j’ai mal ! ». Et pour le soigner, tu peux le câliner, l’aimer et essayer de vivre les changements comme un défi pour grandir. Allez, secoue tes émotions ! Regarde-les bien, reconnais-les, mets de la couleur dessus, et crie très fort que tu es vivante ! Donc, pleine d’émotions, des tristes, des gaies, des petites, des grandes... C’est un vaste champ d’expériences.
Sa voix tonnait presque comme le tonnerre. Elle était forte, elle me donnait du courage, sans me faire mal. Avec Amour.
- Merci, tout plein ! j’ai crié.
Et j’ai raccroché. J’étais étonnée, je me sentais mieux, presque légère. C’était grâce à elle. Et je suis sortie pour un tour de vélo.
Le lendemain à la sortie du collège, j’ai donné le numéro d’Eva à Noé. Je ne pouvais plus le garder pour moi toute seule. Et comme mon ami avait un peu peur, il a composé le numéro devant moi. La voix dans le mobile n’était pas celle d’Eva. C’était une voix d’homme jeune. Bizarre, non ?!
- Allô ?!… euh… bonjour m’sieur… euh pardon, j’ai fait une erreur…
- C’est ce que tu crois. Salut Noé !
- Comment vous savez que c’est moi ?
- Eh bien, c’est ton amie Eva qui t’a donné ce numéro ! C’est grâce à elle qu’on peut se parler…
Noé m’a regardée avec de grands yeux ébahis. Il ne comprenait plus rien, il est resté bouche bée.
- Cool, Eva ne te mène pas en bateau. Moi non plus. Je suis simplement au courant que tu déménages bientôt et que ce n’est pas si simple. Allô, tu m’entends ? Tu es là ?!
- Oui, oui… euh… je suis bien là…
- Bon, on parle un peu de ce déménagement ? C’est quoi qui te tracasse au juste ?
La voix masculine mettait peu à peu Noé en confiance, comme Eva l’avait fait avec moi.
- C’est à dire que… le déménagement, c’est à cause de mon père. Il a perdu son job et il va commencer autre chose de nouveau. Mais ma mère se demande si c’est bien de partir maintenant… Parce que si ça ne se passe pas bien pour lui…
- Et pourquoi ça se passerait mal ?!
- C’est ma mère qui s’inquiète. Elle a toujours peur qu’on rate quelque chose…
- Ah, voilà où ça coince ! Tu sais, on rate quelque chose quand on n’est pas à sa place. Et ce n’est pas un drame. Mais pour savoir si on est à sa place, tu dois prendre des risques. Parce que si tu restes bras croisés sans rien tenter, l’ennui te guette. Tu dois donc tenter ta chance. Ton père, il décolle avec ce nouveau job. Il est sur une piste d’envol, différentes destinations s’ouvrent à lui. En choisissant une autre piste, de nouvelles destinations se présentent. Le saut dans l’inconnu, ça peut faire peur. Mais on est si bien après quand on a franchi l’étape. On se sent plus fort pour vivre la suivante. Car c’est un grand jeu exaltant. Dis-moi, quel sport tu pratiques ?
- L’aviron. Et c’est ce que je préfère. D’ailleurs c’est drôle, là où je déménage, j’en ferai plus facilement qu’ici !
- Formidable ! Tout ça grâce à ton père qui change de job ! Tu vois, ça t’ouvre d’autres portes à toi aussi. Quand tu vas de l’avant, tu as sans cesse des perspectives inédites qui te sont offertes. C’est à toi de les saisir.
Noé avait un sourire radieux. Ça me faisait chaud au coeur son appel à l’inconnu du numéro magique.
- Je m’en souviendrai M’sieur. Merci.
- Au revoir Noé. Et avant de penser à déménager, vis joyeusement ton présent avec ton amie Eva.
Et Noé a coupé la communication.
- Incroyable ton numéro ! Je me demande qui j’avais au bout du fil… Pourquoi c’était pas la même voix que toi ?
- Quelle importance après tout ! On a eu les réponses à nos questions.
- C’est vrai, mais tu sais aussi que je suis plus curieux que toi. Avec qui j’ai parlé ?… Ce n’était pas un voyant parce qu’il ne m’a pas parlé de mon avenir !
- Pour le savoir, on pourrait leur donner rendez-vous. Et je n’ai pas envie de cette rencontre… On peut se parler, on est relié par la voix, ça suffit comme ça…
- Relié par la voix… c’est drôle que tu dises ça…
- Pourquoi ?
- Je ne sais pas, je ressens juste ce que tu as dit. Ça m’interpelle…
Noé m’a fait promettre de ne parler à personne de notre mystérieux numéro. Combien de temps je serais capable de tenir ce secret ? J’étais plus bavarde que lui…
* CHAP 3 *
Quelques jours plus tard, notre amie Lili nous a appris la mort de sa grand-mère. Lili était très triste car elle l’aimait beaucoup, elles étaient très proches l’une de l’autre. Le plus dur, c’était pour sa mère car elle était enceinte depuis trois mois. Lili nous a expliqué qu’elles vivaient ensemble la vie et la mort en même temps. Lili était bouleversée. Et elle se demandait comment le bébé ressentirait le chagrin de sa mère. Je la sentais si désemparée qu’après réflexion, j’ai décidé de lui donner le mystérieux « 06 ». J’en ai parlé à Noé bien sûr. Nous devions dévoiler le secret qui nous liait. Il était d’accord si j’assistais à la conversation. Et j’ai eu une drôle d’idée qui a vraiment plu à Noé. Désormais, le numéro de « 06 » serait celui de notre « psy » des émotions. Notre intuition nous disait que la voix qui répondrait serait encore différente… On était impatient de le savoir. Lili a été enchantée d’apprendre qu’elle pouvait appeler « notre psy 06 ». Il faut dire qu’on lui en avait dressé un portrait dithyrambique ! Amusant ce mot « dithyrambique », non !? Ma petite sœur n’arrivait toujours pas à le prononcer correctement et le déformait en « ditambique, tarambique » et moi je lui répondais par jeu « alambique » ! Et on éclatait de rire.
- Allô ?!... Bonjour madame. Je suis Lili, l’amie d’Eva.
- Bonjour. Moi, c’est Liliane.
- Ah, c’est trop fort ! C’était le prénom de ma grand-mère.
Il y a eu un silence. J’ai cru que Lili allait pleurer. Elle a esquissé un sourire, émue.
- Liliane, ce n’est pas très loin de lilas… dit l’inconnue.
- C’étaient les fleurs préférées de ma grand-mère ! Surtout les mauves…
- Les lilas embaument l’air quand le printemps s’achève… et l’été souffle dans leurs branches son envie de revenir…
- Ma grand-mère est née à la fin du printemps justement… Et ma p’tite sœur va naître à la même période… J’aurais aimé qu’elles se connaissent toutes les deux…
- Ça peut paraître fou ce que je vais te dire, mais elles communiquent sans doute ensemble en ce moment…
- Ah bon ?!? Comment c’est possible ça ?
Lili était interloquée.
- Parce que le bébé dans le ventre de ta mère est relié au Monde d’en Haut où est repartie ta grand-mère. Leurs âmes peuvent ainsi entrer en contact et communiquer… sans se voir en chair et en os, elles se connaissent par leurs énergies. Les bébés ne peuvent pas nous raconter à la naissance les voyages de leur âme entre là-haut et ici-bas, mais il se déroule des choses très mystérieuses pendant toute la grossesse… Imagine des flocons d’énergie colorés dans l’univers, ce sont les âmes des vivants qui viennent vivre sur Terre. Aucun flocon n’est identique, chaque âme est une énergie différente. Et tous les flocons réunis créent une source d’énergie fantastique…
Nous écoutions Lili et moi, presque abasourdies. Tout cela nous paraissait irréel. Et très fou aussi ! Je l’avoue.
- Quand tu vis sur Terre, tu sais qu’un jour, tu vas repartir. Mais tu ne sais jamais quand tu repars. Jeune ou âgé, tu t’en vas. C’est comme ça. La mort fait peur à la plupart des vivants. On n’en parle pas en Occident. Pourtant, la vie et la mort sont amies. L’une ne vit pas sans l’autre. C’est quoi pour toi la mort, Lili ?
Lili m’a regardée, embarrassée.
- … Euh… un corps tout froid comme celui de mon hamster quand je l’ai retrouvé endormi pour toujours dans sa cage.
Un silence.
- … C’est aussi l’âme qui s’envole ! a rajouté Lili. Mais est-ce qu’elle est libre d’aller où elle veut quand elle quitte le corps ?
- Oui sans doute, aussi fou que cela en a l’air ! Et la mort est un passage. Lorsque tu viens à la vie, tu franchis une porte, lorsque tu meurs, tu franchis la même porte dans l’autre sens. Tu me suis ?
- Ça paraît simple quand vous le racontez comme ça…
- Les humains compliquent tout. Tu sais, tu viens sur Terre expérimenter la vie. Ton âme veut vivre des expériences. Lorsqu’elle a vécu ce qu’elle doit vivre, elle peut repartir. Et ce n’est pas une question d’âge. C’est le plus difficile à accepter… Personne n’a envie de perdre un enfant, une maman ou un papa. Presque tous le vivent comme une injustice. Pourquoi nous ? En Asie, la plupart sont heureux d’avoir partagé un temps de leur vie avec l’âme qui s’en va. Ils acceptent ce qui vient car ils ressentent que tout est impermanent.
- Et comme ça, ils souffrent moins aussi !
- Et ils vivent vraiment dans le présent sans faire sans cesse des plans sur la comète. C’est si agréable de vivre ce qui vient, se laisser porter par les vagues de la vie. Ses courants sont inattendus. Ta mère va bientôt donner la vie alors qu’une autre s’en est allée. Ainsi se danse le grand bal ! Tu as vécu de beaux moments avec ta grand-mère, bientôt tu pourras la présenter à ta petite soeur sur les photos de famille. Elle sera toujours vivante pour vous dans votre cœur.
- Ah, vous êtes une fée Liliane ! Merci de tout cœur !
On a entendu un rire complice dans le mobile. Et si c’était vrai ?! Et si les inconnus que nous appelions étaient des fées ou des elfes ? Je n’avais pas pensé à cette éventualité. Et voilà que Lili l’avait évoquée.
Quand j’ai raconté à Noé tout ce que Liliane avait dit à Lili, il a finalement regretté de ne pas avoir écouté notre conversation. Mais pour lui, nous ne discutions pas avec des fées ou des elfes, c’étaient des humains comme nous.
Ce numéro était peut-être même le standard d’une association spécialisée en communication pour les enfants qui rencontraient des problèmes dans leur vie quotidienne. Et j’avais tout simplement recopié ce numéro sans y prêter attention ou en sachant très bien ce que je faisais. Noé mettait ma parole en doute ?! Je ne l’ai pas accepté, ça a dérapé, on s’est disputé. Le problème, c’est que je n’avais aucune explication logique à toute cette histoire invraisemblable. Et je n’osais pas demander à Eva qui elle était.
* CHAP 4 *
J’ignorais Noé depuis plusieurs jours. Lui aussi m’évitait. On jouait au chat et à la souris sans fromage à partager. Un matin de plus, on se tournait le dos dans un couloir du collège en attendant notre professeur d’anglais devant la salle de cours « Shakespeare ». Ça m’avait toujours fait sourire toutes ces portes du collège sur lesquelles étaient affichés les noms de personnes devenues célèbres grâce à leurs talents. Avec leur portrait en prime. On déambulait dans une galerie de musée. Et la directrice du collège, Madame Michèle Ange, était une femme à part qui aimait son labyrinthe. On la voyait s’arrêter devant le portrait d’une porte en soupirant. Elle s’occupait personnellement de dépoussiérer chaque célébrité. Et le nom de l’illustre personnage présent sur chaque porte devait être le reflet de la matière enseignée dans la salle. Elle vérifiait d’ailleurs chaque jour si les salles étaient dignes de leurs inventeurs pour nous recevoir. Elle avait un grain de folie, c’est sûr. On en jouait parfois. Et Lili ne s’en est pas privée ce jour-là en nous interpellant Noé et moi.
- Vous êtes nulles ! Really stupid !!!
Et elle nous a jeté un regard déçu.
- Il vous reste combien de temps à vivre ensemble, hein ?! Vous n’allez pas pourrir l’ambiance de la classe comme ça jusqu’à noël ?! Demandez donc à Shakespeare de vous écrire une vraie scène de rupture ! Ou le « BIG LOVE » comme au cinéma !
Elle se moquait de nous en ironisant. Et j’avais honte. Je ne savais plus par quel bout reparler à Noé qui faisait semblant de ne plus me voir.
- Te mêle pas de ça, d’accord ! lui a répondu Noé agressif. On ne t’a pas sonnée Lili la tigresse !
Elle s’est éloignée aussi sec. En réponse, le mobile de Noé a sonné dans son sac. Pourtant il était éteint. C’est ce qu’il m’a raconté ensuite.
Comme Noé ne répondait pas, la sonnerie a retenti plus forte. Embarrassé devant les copains qui lorgnaient sur lui comme s’il avait commis une gaffe énorme, Noé s’est vite éloigné en attrapant son mobile pour répondre. Règlement formel de la direction : les portables sont éteints dans l’enceinte du collège. Heureusement pour Noé, aucun surveillant à l’horizon. Et notre professeur d’anglais tardait à venir. J’ai suivi Noé du regard, curieuse. Je l’ai vu écarquiller les yeux et il m’a fait signe avec insistance d’approcher. Il m’a entraînée vivement par un bras jusque dans la salle d’Alexander Graham Bell. Oui, l’inventeur du téléphone en 1876. Lui-même, en personne. Enfin ce n’était pas sa voix dans le mobile de Noé !
Dans notre dos, ça sifflait, rires et commentaires fusaient.
- Hé, mais il est pas bien Noé !!? Laisser son mobile en veille…
- Il va être collé à cause d’Eva…
- Elle attendait que ça ! Retrouver son Noé…
- Ben lui aussi ! Sans elle, il est paumé…
- Et qu’est-ce qu’ils traficotent ensemble ?!...
- De quoi je me mêle ?! Jaloux, c’est ça ?!! a rétorqué Lili indignée afin de leur clouer le bec.
Et comme des pas retentissaient au bout du couloir, sans doute ceux du professeur d’anglais Madame Grey, les conversations se sont tues.
Noé était interloqué. C’était la voix du jeune inconnu qui lui parlait.
- Je ne t’aurais jamais appelé si tu ne m’avais pas invité par la pensée !
- Moi ??! Mais je n’ai jamais fait ça ! Je sais même pas le faire !
- Tu es sûr ?!! De quoi tu as rêvé cette nuit ?
Noé m’a regardée silencieux, en rougissant un peu.
- Ne me dis pas que tu as déjà oublié !? Je ne te croirai pas de toute façon ! Et puis ton amie Eva peut tout entendre, elle est concernée. Alors ?!
Noé s’est raclé la gorge avant de répondre.
- J’ai… J’ai fait un rêve étrange… J’étais sur une plage au bord de la mer, un jour de pluie. Tout seul. Enfin, vous étiez près de moi, mais je ne vous voyais pas. Je sentais juste votre présence. Vous étiez vraiment là. Je faisais des ricochets avec des galets. Et je les ratais tous. Je me sentais de plus en plus petit. Pas fier de moi. Et puis Eva est arrivée avec son sourire. La pluie s’est arrêtée. Les nuages se sont écartés, le soleil a brillé. Sauf que j’étais encore très énervé… et je suis reparti sans rien lui dire. Je l’ai laissée seule face à la mer. Dans le silence. Elle m’a appelée, mais je ne lui ai même pas répondu… Je me suis réveillé avec l’écho de sa voix dans la tête… Et je ne me sentais pas très bien…
- Et tu as une idée du message de ton rêve ?
Noé m’a souri, mal à l’aise. En même temps, j’ai senti qu’il était soulagé de retrouver son sourire pour moi.
- C’était le moment de se parler… Et je l’ai laissé passer parce que mes pensées ont décidé à ma place.
- Pas besoin d’être sorcier. Il t’a juste manqué un balai pour les écarter !
- Ouais, ça m’a pris la tête !
Le mobile de Noé a clignoté comme un spot bleu fluo en émettant les sons d’un flipper quand tu as gagné une partie. Noé a manqué de lâcher son portable en sursautant. On était sidéré tous les deux.
- Bravooo ! Pas la peine de me lancer des fleurs, heureusement je suis venu me mêler de vos salades ! Y avait vraiment de l’eau dans le gaz. Tout baigne, c’est à vous de reprendre le fil de votre amitié… Salut les enfants !
Et l’inconnu a raccroché de l’autre côté avant même que Noé n’ait rajouté un mot. Son portable a cessé de clignoter, il est redevenu sagement muet. Brave bête, quoi !
- Je ne connais toujours pas son prénom !
- Tant pis. Tu sais au moins que c’est « notre psy 06 »…
- Avec des voix changeantes… En fait, c’est une agence de casting. Un comédien différent pour chaque appel.
- On nage en plein mystère…
- Tant qu’on ne s’y noie pas !
J’ai été autant étonnée que Noé en sortant dans le couloir. Le cours d’anglais n’avait pas commencé et le CPE informait la classe que nous étions libres. Il s’était pourtant écoulé un certain temps. Lili s’est précipitée vers nous, visiblement toute contente.
- Chouette, Madame Grey est absente !
J’ai échangé un regard avec Noé qui en disait long.
- Tu crois que « 06 » y est pour quelque chose ? m’a-t-il demandé.
- Je ne sais pas… tout est possible…
Pendant l’heure suivante au CDI, Noé m’a assuré qu’il avait bien coupé son portable comme chaque jour avant d’entrer dans le collège. J’en ai déduit que la voix avait su jouer avec les ondes même si cela paraissait complètement fou car elle souhaitait nous voir réconciliés. Ça la rendait heureuse comme nous. Et Noé a rajouté amusé que « notre psy 06 » avait peut-être même des plans secrets pour nous… Il avait sans doute raison. Nous avions déjà aidé Lili. C’était à nous maintenant de construire la suite de cette aventure abracadabrantesque. Mot pas trop fort pour ce qu’on vivait.
Désormais, nous serions les messagers des voix, ceux qui flairent les ennuis ou la souffrance des copains. Nous n’imaginions pas une seconde où cela nous entraînerait...
- Tu veux qu’on joue les bons génies, c’est ça Eva !?
- Exactement. En toute discrétion. Et ça va marcher, tu vas voir, avec « notre 06 » magi-quissime ! Mieux que la lampe d’Aladin !
Dès le lendemain, nous prenions nos nouvelles fonctions au collège. Et personne ne s’en doutait. On avait trouvé un nom d’enfer : « CLASS ANGELS ».
* CHAP 5 *
Les noms de la classe défilaient sur l’écran d’un ordinateur dans la salle du cours de technologie. On avait achevé nos exercices et on cherchait en cachette qui serait celle ou celui que les « CLASS ANGELS » soutiendraient. Comme si nous nous étions concertés, notre choix s’est arrêté sur Jules. Orgueilleux et toujours ailleurs. Mal vu des professeurs. Collé déjà deux fois. Pas de chance ! Noé avait perçu que Jules en avait ras le bol ; il était prêt à sécher les cours. Si on ne lui donnait pas un coup de pouce maintenant, il risquait de redoubler et ça, son père ne l’accepterait pas. C’était un grand homme sec, scientifique et rationnel. Fan du physicien Stephen Hawking. Toutes ses recherches concernaient le cerveau. Jules nous avait dit que son père voulait faire la découverte du XXIe siècle pour sauver les adultes de leur mal être permanent. Et à notre époque d’esprits stressés, c’était un défi remarquable !
On a éclaté de rire et le prof de technologie qu’on avait surnommé « Mr. Hyde Tech » nous a regardés en fronçant les sourcils. On était d’ordinaire très calmes. On ne faisait jamais de vagues. Ouf, la sonnerie nous a sauvés. Et toute la classe nous a charriés en sortant.
- Ah, ça brûle les feux de l’amour…
- On vous laisse en tête-à-tête avec le prof de maths pour le cours d’après !!?
- Hé, c’est quoi votre programme ciné mercredi ? Titanic ?!
- Pensez à une bouée pour deux surtout !
A l’interclasse de 10 heures, Noé a traficoté son portable et il a laissé un bref message à « 06 » pour Jules. Et très vite, « 06 » a rappelé. Jules se trouvait évidemment dans les parages, Noé lui a glissé le mobile entre les mains. Notre plan fonctionnait comme sur des roulettes.
- Réponds, s’il te plaît ! Les toilettes, ça urge !
Et Noé s’est éloigné en courant.
Je m’étais rapprochée un peu de Jules. Comme ça, je pourrais entendre quelques bribes de la conversation.
- … Allô, oui ?!...
- Jules !?
- C’est moi ! a répondu Jules stupéfait. Mais… je suis peut-être pas le bon Jules ?! Lequel vous voulez d’abord ?...
- Tu es bien le copain de Noé ?!
- Je dis pas le contraire.
- Alors on a bien rendez-vous maintenant.
- Avec moi ?! s’est-exclamé Jules abasourdi. Et qu’est-ce que vous voulez au juste ? a-t-il demandé méfiant. Vous êtes de la police ?
- Pas du tout, rassure-toi. Je ne fais aucune enquête, ni au collège, ni ailleurs.
- Pourquoi vous voulez me parler alors ?
Jules était vraiment sur la défensive, prêt à raccrocher. Ça me crispait.
- Je sais juste que tu détestes les contrôles en classe. Tu ne supportes aucune question. Ça te met dans un état grave. D’ailleurs je sens que tu pourrais te transformer en affreux HULK… Je t’en pose une seule : tu t’es déjà demandé pourquoi ?
Il y a eu un blanc. Puis Jules a esquissé un sourire joueur. Ça y est, la mayonnaise prenait. Tant mieux. J’ai soufflé.
- C’est vrai, je déteste les questions. Mon père m’en pose une tonne à la maison. Je suis sans arrêt testé sur mes connaissances. J’ai l’impression d’être traqué comme une bête intelligente. Jugé aussi. Fatigant !
- On peut vraiment vivre autrement !
- Si vous avez une recette, je suis preneur !
- OK d’acc, c’est aussi simple que monter des œufs en neige. Lorsqu’une question de ton père t’ennuie, réponds-lui par une autre comme une devinette amusante. Joue avec ta spontanéité. Car tu es formidable ! Tu vas désamorcer la situation qui te contrarie. Et peu à peu, ton père va te laisser une paix royale. Difficile d’accorder sa confiance quand on ne se fait pas confiance. C’’est une spirale infernale !
- Comment on s’en sort ?
- Tu peux dès à présent porter attention à tes pensées, à tous les trucs et les histoires que tu te racontes sur le passé, l’avenir, sur les autres. Observe vraiment tes pensées comme tu regarderais un poisson rouge dans son aquarium ou les flammes d’un feu dans la cheminée. Tes pensées sont changeantes comme la danse des flammes ou les contorsions du poisson. Tu peux chasser les négatives vite encombrantes et perturbatrices. Et éviter les maux de tête !
- Tip-top, c’est scientifique votre programme ! Quand on fait des recherches, on expérimente, on observe ce qui se passe pour découvrir quelque chose. C’est pareil avec votre truc des pensées ! Je vais essayer.
- Plus tu vas pratiquer ce jeu d’observation, plus tu vas te sentir libre d’agir. Et petit à petit, tu navigueras en vrai capitaine de ton vaisseau, de toi-même avec tes pensées. Plus tu vivras avec des pensées positives, mieux tu avanceras sur ton chemin personnel.
- Vous faites ça depuis longtemps, tous vos exercices avec les pensées ?
- Oh, je ne compte plus les années…
- Et vous êtes papa aussi ?
- Je ne compte plus mes enfants d’âges très différents !
Un éclat de rire a retenti si fort dans le mobile que je l’ai entendu comme si j’étais juste à côté. C’était si communicatif que Jules a eu du mal à se retenir. Et moi aussi. Je me prenais au jeu excitant de ces rendez-vous téléphoniques. J’avais l’impression d’être comédienne dans un film qui se tournait sans avoir été écrit. L’histoire se construisait au fil des conversations. Elle formait un puzzle imaginaire dont les pièces s’agençaient les unes dans les autres au fur et à mesure. Une fois le puzzle achevé, qu’est-ce qu’on découvrirait ? J’étais curieuse de connaître la suite de cette aventure inhabituelle, pas impatiente. Car je savais qu’en arrivant à la fin, ce serait bien fini ! Il ne serait plus possible de revenir en arrière parce que tout aurait été écrit. Je préférais me laisser porter par ce qui surviendrait. Enivrant, non !?!
- Je crois que j’envie vos enfants. Ils ont la chance d’avoir un père comme vous ! a confié Jules à son interlocuteur.
- Toi aussi tu es chanceux avec le père que tu as. Tes difficultés avec lui, c’est une pincée de piment pour te permettre de grandir. Si c’était trop facile, tu t’endormirais comme un gros ours. Ton père rêve de sauver l’humanité. Il a d’abord besoin de prendre soin de lui pour découvrir quelque chose de fantastique pour tous. Avec une touche d’amour et de bienveillance.
- Ben y a du boulot alors !
Et Jules s’est mis à rire.
- Toi aussi, tu as encore du boulot qui t’attend. Je sais que tu aimes les jeux virtuels, ça t’étourdit de plonger dans ces univers fantastiques. Tu vis des aventures incroyables et dangereuses lorsque tu pousses la porte de ces mondes inventés par d’autres. C’est à toi de te rendre compte du temps que tu vis dans ces mondes fabriqués. Car c’est un labyrinthe de sensations qui t’entraîne à en vouloir toujours plus. Tu aimes inventer des histoires, tu serais un excellent créateur de jeux toi aussi. Attelle-toi à ce qui te tient à cœur. En allumant les étincelles créatives qui sont en toi, tu vas déclencher un feu d’artifice. Sois l’inventeur que tu rêves d’être en restant connecté à la Nature, au vivant qui t’entoure !
Jules ne disait plus rien, il était ému, au bord des larmes. Et moi aussi, j’étais troublée.
- Vous lisez dans mes pensées aussi ? a demandé Jules ébahi.
- Ça ressemble à ça, mais je ne manipule pas les esprits… C’est à chacun de jouer avec son esprit…
- Et avec ses pensées ! a rajouté Jules par jeu.
A nouveau, les rires ont fusé dans le portable avant les bips de fin de communication. Jules a vu alors Noé venir à sa rencontre.
- Je ne savais pas que tu circulais dans les sphères virtuelles !
- Moi !?? a fait Noé avec innocence. Pas du tout !
- D’où tu tiens ce numéro incroyable ?
- Ah ça, c’est un secret que je partage seulement avec Eva !
Je me suis avancée, heureuse d’être la complice de Noé qui m’a prise aussitôt par le bras.
- Ah, vous faites une paire terrible ! a dit Jules. Vous me donnez peut-être un indice ?
- Rien du tout ! ai-je répondu. C’est top secret !
- Vous me refilez quand même le numéro ?
- Evidemment ! a dit Noé en lui tendant un bout de papier sur lequel il l’avait écrit rapidement. Sinon on ne s’appellerait pas les « CLASS ANGELS » !
- Les « CLASS ANGELS » ?!? C’est votre mot de passe ?
- Plutôt le nom de notre duo de choc.
Et j’avais une pointe de malice dans la voix.
- Dès qu’un ado a un souci, une question délicate dans sa vie, on agit avec l’aide de notre « 06 ». Tu peux en parler autour de toi.
- Waouh ! Vous m’impressionnez là ! Vous allez faire fureur en psys du collège !
- Nous ?!? Mais pas du tout ! Tu as remarqué, on est juste des intermédiaires. On crée le fil entre toi et la voix, c’est tout !
- C’est déjà beaucoup !
Sur ce, Lucas, un grand adolescent de troisième nous a rejoints en affichant un air ennuyé.
- Je peux te parler un instant Jules ?
Il nous a regardés Noé et moi comme si nous étions de trop.
- Je préfère un tête-à-tête…
- Si ça concerne un problème, autant en parler devant mes amis Lucas, ils savent régler les pépins des autres mieux que des génies ! Ce sont des « CLASS ANGELS » !
Et Jules nous a décoché un clin d’œil complice.
Lucas n’avait pas l’air d’apprécier.
- Je ne vais pas étaler la vie de Fred !
- Ah, parce qu’il s’agit de Fred ?! a répondu Jules soudain soucieux.
Et il a emboîté le pas à Lucas qui ne tenait pas à rester avec nous.
- Ouais ! Il déconne plein pot ! a-t-il dit à mi-voix. Il va se faire virer si ça continue…
J’avais l’ouïe fine d’un félin. Et j’avais flairé un nouveau cas pour nous, les « CLASS ANGELS ». Ce qui a suivi m’a donné raison, même si c’était éprouvant. Se mêler de la vie des autres n’est pas sans risque !
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