«L’école actuellement, surtout pour l’adolescence, n’apporte pas le viatique bienfaisant pour l’aventure de vie de chacun. Elle n’apporte pas les défenses pour affronter les incertitudes de l’existence, elle n’apporte pas les défenses contre l’erreur, l’illusion, l’aveuglement. Elle n’apporte pas les moyens qui permettent de se connaître et de comprendre autrui. Elle n’apporte pas la préoccupation, l’interrogation, la réflexion sur la bonne vie ou le bien vivre. Elle n’enseigne que très lacunairement à vivre, défaillante en cela à ce qui devrait être sa mission essentielle. »
« Enseigner à vivre, manifeste pour changer l’éducation », Edgar Morin, Collection Domaine du Possible Actes Sud.
Septembre 2019. GREEN TEENS se dessine comme une grande aventure depuis ses débuts en 2016.
Trois ans plus tard, où en sommes-nous ?
Quand un film n’est pas soutenu financièrement par les institutions officielles des aides audiovisuelles, il est nécessaire d’être persévérant dans l’aboutissement de son projet. Si nous ne nous levons pas pour nos rêves, comment les réaliser avec conscience ?!
J’ai participé à de nombreuses productions audiovisuelles en tant que scénariste sans connaître les aléas d’une production aventureuse. Oui, j’ai connu des productions confortables, même si je ne savais pas d’avance combien d’épisodes d’une série d’animation j’écrirais.
Pour GREEN TEENS, nous avons osé prendre un chemin différent et semé d’embûches parce que toutes les bonnes cartes n’étaient pas distribuées. Comme le dit ce cher Alexandre Jollien : « c’est le bordel, mais y a pas de problème… »
S’adapter aux situations, à ce qui se présente sans renoncer malgré les difficultés. Et lâcher prise. Ça ne signifie surtout pas abandonner, je le précise car bien souvent la plupart pensent qu’il est nécessaire de tout arrêter. Lâcher prise signifie avant tout se laisser porter par ce qui est là, tout en étant actif dans la roue de la vie. Car il n’est pas question de subir les couacs, il est question de résilience, de se relier à notre force intérieure et à nos compétences créatives.
De plus en plus de films qui ne sont pas des super productions « bankables » ne verront pas le jour, ne connaîtront par leur public. C’est comme ça dans ce monde consumériste.
Lamy et Moral :
« Lâcher prise c’est accepter le risque de l’imprévu, d’une nouvelle vision du monde.» (2011)
L’enthousiasme et la persévérance nous accompagnent depuis le commencement de ce tournage. Car ce documentaire international est un message fort pour tous. Joyeux et surprenant aussi. Et ce message nous porte à achever ce film le mieux possible. Encore plus avec la délicate réforme du bac qui se profile sous la signature du Ministre de l’éducation Jean-Michel Blanquer.
Il n’existe pas une voie toute tracée, dans un cadre scolaire parfaitement défini depuis la petite enfance ; il existe de multiples voies possibles pour nos enfants et nos adolescents. Chacun peut vivre un parcours scolaire différent en fonction de ses qualités personnelles. Quelle est la partition essentielle à mes yeux aujourd’hui ? Développer altruisme, auto-compassion et compassion dans un monde trop virtuel et matériel, qui oublie ses racines terriennes et même aquatiques. Développer les compétences psychosociales (compétences émotionnelles, sociales et cognitives) des enfants, des ados, des enseignants et des parents pour mieux vivre ensemble et prendre soin de notre planète. Urgence vitale !
Ce qui nous relie, c’est l’aboutissement de GREEN TEENS. Son montage se poursuit avec le soutien d’un monteur senior professionnel, Hervé Lucas, et de notre chef opérateur Thor Kunisch qui voyage entre la France et l’Allemagne. A nous trois, nous sommes une équipe solide. Nous savons que nous nous rapprochons du but fixé. Et cela est rassurant. Le pré-montage que j’avais élaboré nous permet de poursuivre l’étape présente avec plus de fluidité. Evidemment, nous avons eu besoin de plus de temps avec nos 80 heures de rushes, mais notre liberté dans la création de ce documentaire est sans conteste un cadeau.
Lorsque GREEN TEENS sera enfin diffusé, il manquera une personne dans le public : toi papa, toi qui es parti le 13 août pour le monde d’à côté. Nous te dédicacerons notre aventure avec coeur car elle avait créé quelques tensions au sein de notre famille. Comment accepter en effet de voir partir deux adolescentes pour une aventure hors d’un cadre habituel en vue d’une autre éducation possible ?!? Et l’année du bac pour l’aînée d’entre elles. Elles ont développé leurs capacités d’apprentissages toutes les deux, cela a réjoui notre famille et leur réussite présente démontre que tout est possible quand les adolescents sont accompagnés avec confiance, compréhension, amour et qu’on leur fiche la paix pour développer ce qui compte vraiment pour eux !
Marine Locatelli
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