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Marine

LA VOIX DU KAIZEN 2

Invitation à écouter un épisode du podcast « La voix du Kaizen » avec Alexandre Sattler (Gaïa Images) et Marine Locatelli, réalisatrice de Green Teens. Interview présente sur Spotify depuis février 2022 :


Changer le monde pas à pas

« J’ai grandi 20 ans en montagne. J’ai toujours emmené mes enfants dans la nature : marcher, partir en vélo, observer, contempler, s’asseoir, courir, jouer… mes filles ont pu expérimenter des classes Montessori basées sur l’expérience lorsqu’elles étaient petites avant de rejoindre le système plus classique de l’éducation. J’ai observé peu à peu que ce système ne nous convenait pas parce que les enfants sont trop enfermés.

Quand tu observes tes enfants grandir, tu te poses mille et une questions : qu’est-ce que j’ai envie de transmettre ? Qu’est-ce qui est juste ? Qu’est-ce que j’ai envie de raconter comme histoires ? Etre parents, être passeurs de belles histoires, être des passeurs de vie, vers la nature. Quand tu observes les enfants, toujours dans le jeu, ce jeu magique et spontané, tu as envie que cette spontanéité ne s’efface pas, qu’elle soit nourrie en grandissant, et que ce regard de curiosité, cette vivacité d’explorateur soient toujours présents. Prendre son temps avec nos enfants, leur apprendre à être l’écoute d’eux-mêmes, de leurs émotions, de leur ressenti dans le corps, leur permettre de s’exprimer, vivre les expériences et s’émerveiller.

L’éducation a besoin d’être expérientielle, on a besoin d’être des explorateurs, or nos enfants dans le système classique suivent ce que l’enseignant dit dans un système figé et dépassé.

Alexandre : « Comment as-tu dessiné ce projet GREEN TEENS ? »

Marine : « Je voudrais te confier quelque chose, mes filles ont très souvent été absentes à l’école, au collège et au lycée. Tu imagines que ce n’est pas très bien vu. Mais elles travaillaient bien. Les heures d’absences de Laurena en première, c’était une catastrophe ! Tu ajoutes le programme et les absences des enseignants, et il n’y a plus rien à ajouter. Mes filles ont presque cinq ans d’écart. En sixième, Florane s’ennuyait tout le temps et n’avait pas assez de temps pour dessiner et écrire. Et elle avait vraiment besoin de temps pour elle. En observant cette situation, je me suis dit « non, ce n’est plus possible ! », ça ne pouvait plus continuer comme ça. Les dons de Florane allaient s’effacer, elle ne pourrait pas les nourrir. Et j’ai commencé à écrire ce projet. J’étais déjà engagée dans le mouvement du Printemps de l’Education auprès d’Antonella Verdiani. Je voyais bien ce qui se déroulait ailleurs. Comment éduquer nos enfants autrement ? J’ai cherché des lieux pour adolescents où ils pouvaient grandir libres. Pour les petits, tu trouves toujours des lieux, mais pour les plus grands, il y a si peu.

J’ai fait des choix sur différents continents. Tous ces lieux ont été créés par des femmes. Tous les enseignants formidables de ces structures, femmes ou hommes, sont vraiment connectés à la nature. Ils transmettent des valeurs essentielles à nos enfants et les accompagnent pour mieux se connaître.

Ce qui est important aussi dans tous ces lieux, c’est que la paix est très présente. Elle est enseignée aux enfants et aux adolescents, qui sont des gardiens de la paix à la Escuela Agroecológica du Chili. Il y a une éducation mutuelle très présente, où on prend soin les uns des autres. A la Escuela, ils ont quatre ans à vivre au sein de cette communauté pour faire grandir cette flamme de paix, leurs engagements pour eux-mêmes, leurs familles, pour la Terre. Connaître les plantes médicinales, c’est incroyable comme ils les connaissent bien. C’est vraiment touchant de les voir grandir comme ça. La Escuela du Chili va développer aussi un programme pour les 11/13 ans, cela leur permettra de grandir deux ans de plus dans ce lieu unique. De nombreux enseignants viennent aussi se former à la Escuela Agroecológica, notamment les trentenaires et les moins de trente ans qui voient que le système est à bout de souffle. Il est nécessaire d’enseigner différemment aux enfants. La Escuela est un lycée publique d’état ouvert en 1991, sa fondation est sponsorisée par des sociétés privées. Les enseignants viennent se former gratuitement.

Au départ, quand tu quittes le monde connu pour aller vers ce grand inconnu, il y a un temps de pause. Pour Laurena, ma fille aînée, il lui a fallu deux semaines avant de pouvoir intégrer la classe où on l’attendait. Elle avait besoin d’observer de l’extérieur comment ça marche, qu’est-ce qui se passe, elle avait besoin d’un temps d’adaptation. Florane était inquiète, mais elle a plongé plus vite. Elle aimait beaucoup aller en sport avec eux car elle est très physique. Ils ont un très beau mur d’escalade sur lequel elle aimait bien grimper. Et elle aimait surtout rejoindre l’atelier de céramique où elle pouvait créer tout ce qu’elle souhaitait. Pour Laurena, une fois qu’elle est entrée dans sa classe, elle était ravie de toutes ses nouvelles rencontres et de l’accueil qu’elle a reçu. Elle a perçu les adolescents comme très attentionnés. Et il y avait beaucoup de joie dans ces différentes classes.

Pour le tournage, nous n’avons pas suivi un scénario classique, même si j’avais écrit le projet. On s’est laissé porter par les rencontres et ce qui se déroulait dans les différents lieux. J’ai vraiment tissé le scénario après le tournage, afin de réécrire à la fois un long métrage documentaire et fictionné. Nous avons beaucoup aimé filmer les duos adolescents/enseignants que j’ai imaginés au Chili, ce que chacun s’était apporté mutuellement. Les enseignants sont très chaleureux pour leurs élèves qu’ils embrassent, avec lesquels ils jouent au foot ou au baby-foot. L’atmosphère est vraiment ressourçante, joyeuse, bienveillante.

J’ai souhaité un ton particulier, avec les voix off des deux exploratrices qui ont joué le jeu avec leur personnalité respective. Cette narration singulière emmène le public en voyage, vers des terres d’éducation généreuses. On suit la progression, la métamorphose et la relation des deux soeurs jusqu’au bac, le fil rouge de notre récit. Car il y a toujours cette question en supend : Laurena sera-t-elle prête pour se présenter aux épreuves du bac en apprenant d’une façon si différente et vivante ? Et comment grandit Florane de l’enfance vers l’adolescence, elle si réservée et créative, dont les aquarelles tissent des moments d’intimité en révélant ses états d’âmes, jeu de miroir avec la réalité. »

Alexandre : « Quelle est l’école de tes rêves Marine ? »

Marine : « Je rêve d’une école où les enfants peuvent grandir en étant connectés à la nature, bien reliés à leurs racines, où le corps va avoir une place primordiale, où tu pourras danser, méditer, faire du théâtre, t’exprimer, oser, être inventeur, explorateur. En fonction de tes dons et tes qualités, qu’elles soient nourries et qu’elles puissent grandir au contact avec les autres, que les enseignants soient des accompagnants formés d’une autre façon, qu’on offre aux enseignants un autre cadre de formation, qu’ils soient beaucoup plus libres… et que notre système éducatif soit tourné vers l’empathie, l’altruisme… et prendre soin de soi, des autres et de la planète ».


19 mai 2022




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